Le carnet vert
Je feuillette mon petit carnet vert, toujours présent dans le bordel de mon sac, j'ai beaucoup de cahiers chez moi que j'ai noirci au fil des années, mais parfois l'envie d'écrire me prend dans le métro, dans un café, dans un magasin, dans la rue... et pour ne pas perdre ces petites pensées fugaces et précieuses j'ai investi dans un carnet vert. Aujourd'hui je relis ces mots, quelques phrases parsemées, les miennes ou celles des autres, issues de mon humeur ou des textos de mes amis... Tous ces mots n'ont pas de sens ensemble, ce sont des bouts de vie, la mienne, ils sont tout à fait tristes puis exaltés, des bribes de phrases éparpillées que mon carnet a ramassé... je replonge dedant avec nostalgie et vous en fait part...
Mon ami Râleur m'avait envoyé ça le 20 décembre 2004: "Mon auteur préféré dit que l'humanité a deux grandes faiblesses: la dépendance et l'idéalisation; j'adhère à cette idée, avancer libre c'est s'affranchir de ces deux concepts, on y arrive plus ou moins. Une vie de dépendance à ses amis, à la clope, aux médicaments, à son conjoint, à son travail... c'est une cage infernale que l'on se construit soi-même et penser que l'être parfait vient un jour nous en sortir est illusion. Aie le courage, la vie vaut le coup."
Le 30 décembre 2004 j'ai écris: "Je lui ai envoyé: joyeux noël jeannot, je pense à toi, tu me manques. Aucune réponse. Il doit me haïr. Je me suis fait virée de mon boulot à force d'arrêts maladie à répétition. Encore un échec. Puis j'ai refait une TS. Je suis ridicule. Je vais peut être me refaire hospitalisée. Je sais pas si j'en ai besoin, ni envie. Je n'aime pas ce monde. Pourtant je sais que c'est en m'y intégrant que je serai heureuse. La marginalité n'est pas une solution. Je n'aime pas les couples ridicules qui m'entourent. Je veux de la force, je veux vibrer comme avec Jeannot. Après tout peut être que j'étais la seule à ressentir ça. Peut être qu'il ne vibrait pas lui. Je vais pleurer."
J'ai envoyé à Jeannot le 2 Janvier 2005: "Je ne veux pas qu'on me touche, je ne veux que toi dans mon corps, mon coeur, ma bouche, et ma tête. Je veux te lécher jusqu'à ce que jouissance s'ensuive. Mon sexe n'a pas oublié le tien, je voudrai que tu me regardes comme personne ne sait me regarder. C'est bien à toi que je pense lorsque je me caresse. Je voudrai une nuit avec toi."
J'ai écrit le 4 janvier 2005: "2005. Bon. Il faudrait que j'admette avoir perdu jeannot. Me voilà encore une fois, un dimanche soir, à 23 heures, dehors, après avoir sonné pendant un quart d'heures chez lui, sans résultat. Prévisible. Ridicule. Je suis déçue du genre humain, de la vie, de notre société, et surtout de l'amour. Quelle farce. "
Ma meilleure amie m'a envoyé ça le 28 février 2005:" On se motive concombre et haricots, on perds des kilos... Pommes et kiwi on minci... Alors pas de lait entier au petit déjeuner... Et encore moins de de pain-beurre c'est mauvais pour le coeur. C'est la comptine du régime!" adorable texto, adorable fille...nous avions décrété une alerte aux kilos accumulés à noël et avions entamé un régime sérieux: le premier et dernier jusqu'ici.
J'ai écrit le 1er juin 2005: "Dans le 16ème les boulangeries ressemblent à des musées, les gens valident tous leur Passe Navigo dans le bus, et les crèmes de jour en pharmacie sont deux fois plus chères qu'ailleurs. Dans le 16ème les commerçants vous font cadeau des 5 centimes manquant quand vous n'avez pas l'appoint, les gens ne portent jamais de sacs à dos, et les enfants jettent les papiers dans les poubelles. Dans le 16ème les éboueurs sont blancs, les salons de coiffure sont plus nombreux que les pigeons, et les épiceries s'appellent des primeurs."
Le 7 juin 2005 j'ai écris: "Quand je regarde dans la poubelle de cuisine de la mère de "presque copain", je me dis que je veux être femme eu foyer. Tout cet ordre, jusque dans la disposition des ordures dans la poubelle! Avoir le temps de bien ranger les détritus, y penser, le faire avec soin... Elle doit être libre. Je ne veux pas m'user au boulot. Je ne veux pas y laisser ma santé ni mon moral."
Mais j'ai écris le 21 septembre 2005: "on est plus heureux dans le bordel que dans un appart aseptisé."
Enfin le 11 août 2005 j'ai écris: " Quelqun s'est suicidé à la station Gaité. Ironie du sort ou choix cynique? Moi aussi il y a un an, je voulais ardemment mourir. Et puis le temps passe, et il effface les souvenirs, on oublie combien on aimé... tout comme on oubliera combien on a souffert. La mémoire a ça de bon, si je n'avais pas oublié je n'aurai pas pu continuer à vivre."
Charmant petit carnet vert...