Alzheimer.
J'ai eu ma formation Alzheimer cet après midi. J'ai pas mal d'expérience auprès de personnes atteintes de cette maladie, mais je n'ai eu aucun apport théorique.
D'abord mon DUT ne m'a jamais appris à faire de l'animation sociale concrète, ensuite le mémoire de socio que j'ai écris ne s'intérressait pas spécifiquement à ces personnes. Mon mémoire de seconde année était (et est toujours) intitulé "Place des personnes âgées dans notre société: une prise en charge totalitaire?". [C'est du pur perso, un putain de texte choc, violent et dérangeant à souhait, d'une lucidité acide. Vous l'aurez compris ce mémoire c'était mon bébé, mon oeuvre, des heures et des heures de prise de tête, de recherche, de modifications, de larmes, et au final: un excellent souvenir et une carte de visite accrocheuse pour mes entretiens. (18 à l'écrit,18 à la soutenance).]
Bref, j'en reviens à ma formation Alzheimer. J'ai compris pas mal de chose que je sentais sans mettre de mots dessus. La dernière mémoire (celle qui ne s'efface pas) des personnes désorientées est la mémoire émotionnelle. En effet la seule chose dont ils se souviennent c'est l'affectif: qui ils aiment, qui ils détestent. Et au stade avancé de la maladie, ils reconnaissent leur entourage (y compris les membres du personnel) en fonction du simple fait qu'ils les aiment ou pas. Voilà pourquoi ils sont content quand j'arrive ce qui m'a toujours étonnée car ils ne se souviennent jamais de qui je suis. Ils savent que je leur veux du bien, et qu'ils vont passer un moment agréable avec moi: ils ont ça en mémoire.
Ils m'aiment bien.
Je suis émue.
Mais voilà mon interrogation quant aux personnes étant au stade avancé de la maladie d'Alzheimer: sont-ils heureux ou non?
Mon opinion était de croire qu'ils étaient heureux car ils étaient "dans leur monde", non conscient de leur état. Alors qu'au contraire les personnes âgées ayant tout leur tête étaient déprimées car elles se voyaient dépérir. Pour moi la lucidité de sa condition et de son état n'amenait pas au bonheur.
C'est une question qui m'intrigue, d'autant plus que les psy se divisent en deux écoles concernant le bonheur relatif aux personnes alzheimer.
Pour finir une petite statistique assez intéressante... Une étude a été faite: il a été observé qu'on adresse en moyenne la parole à une personne désorientée 25 secondes sur 24 heures lorsque celui-ci vit en institution. Ce qui signifie que malgré la trentaine de membres du personnel présents dans la maison de retraite quotidiennement, et que l'individu désorienté côtoie, on ne lui parlera que 25 secondes par jour. En moyenne.
On ne les considère pas comme des humains.