Café
J'aime beaucoup ce bar.
Glauque.
Glauquissime même.
...l'escale routière...
Café sombre en bas de chez moi.
Tenu par des maghrébins.
Musique orientale.
Mais rien d'oriental.
Déco clignotante... Hoegarden ou Kanterbrau.
Kitch à souhait.
Kitchissime même.
Trois pauvres sortes de jus d'orange à la carte.
Carte qu'il n'y a pas.
Jus d'orange, d'ananas et de poire.
Comment peut-on avoir du jus de poire dans un bar aussi paumé?
La seule fille du bar ici, c'est moi.
La seule personne de moins de 45 ans ici, c'est moi.
La télé qui diffuse ou rediffuse un match de foot.
Bruit de fond.
Pour nous empêcher de nous entendre respirer.
Les habitués qui mangent leur soupes, côte à côte, silencieusement.
Religieusement.
Et le jeu de fléchettes accroché au mur.
Me fait sourire.
Qui va se lever et entamer une partie de fléchettes avec enthousiasme?
Les habitués ne voient plus ce jeu depuis longtemps.
Les deux hommes-penseurs accoudés au bar ne décrochent pas du foot.
Et moi je suis là, mais pas là.
Il y a 11 tables.
Au fur et à mesure la musique s'occidentalise.
et il arrive.
J'écris machinalement avec mon bic noir sur mon paquet de cigarettes:
"Je suis désespérée."
J'aime tant et tant cette ambiance feutrée et insipide.
C'est irréel.